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27 août 2014 3 27 /08 /août /2014 05:13

Aujourd’hui, on enterre mon ami Lucien, ça ne faisait pas loin de 40 ans que nous nous connaissions, deux groupes montés ensemble, Spot puis Bikini, une page qui se tourne. C’est très con de dire ça puisque nous sommes tous, sans exception, amenés à tourner cette page.

Ce matin, comme d’habitude, j’ai mis du temps à m’extraire des brumes ensommeillées, à démarrer d’abord les neurones, ensuite le corps, ce qu’il en reste d’opérationnel. Il faut du temps pour que la grosse moitié qui reste prenne en charge les membres qui trainent comme s’ils n’avaient plus jamais envie de se lever. Mon docteur indien, très optimiste, me fait remarquer les micros-détails évolutifs de mon hémiplégie. Ça va dans le bon sens : des orteils qui bougent, une jambe qui se bloque en latéral alors qu’elle était folle deux semaines avant, une main qui retrouve un tout petit peu de force… L’idée de revenir à un état précédent est une chimère, il faut vivre avec ce que l’on a et faire en sorte que ça fonctionne au mieux. Ça me fait penser à une chanson de Bikini : ‘Nouvelle Morale’. C’était Lucien qui chantait.

Ensuite, une fois que tout a démarré, il reste à se vêtir, se nourrir et écrire. Chaque action demande du temps, un peu de réflexion et d’organisation. Comme je souhaite garder un peu d’autonomie, je fais ça seul. Il ne faut rien oublier en route, ça demande ensuite un effort qui me fait pester. Je suis flemmard au fond mais j’ai un peu honte quand on m’aide.

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25 août 2014 1 25 /08 /août /2014 16:13

Ça faisait un bout de temps que je n’avais écrit sur Dolores, mon amie de longue date qui, malgré tous les efforts que je fais pour me débarrasser d’elle ne reste jamais bien loin. Ma douleur revient de temps en temps, juste assez pour me motiver à suivre le traitement que je suis. Mon docteur ayurvédique a décidé de passer à la deuxième phase qui consiste, après le massage à l’huile infusée, à me faire tremper le crâne dans une autre huile infusée différemment, elle n’a pas le même parfum. Il m’a dit, il y a trois jours, que les effets se feraient sentir trois jours après. Et il avait raison. Je baigne dans la sérénité. Vingt minutes quotidiennes de méditation avec un écoulement d’huile chaude sur le crâne sont un vrai bonheur a posteriori. Dolores se tire en courant, écoeurée par le parfum des plantes pendant que je plane un peu, il faut l’avouer. Est-ce l’absence de douleur ? Je crois.

Alors que notre inutile président a pris la sage décision de se tirer une ènième balle dans le pied, il me semble important de faire un point sur la police en Inde. Aucun rapport me direz-vous. Et oui, aucun rapport, ça tombe bien. Les policiers ici, ne servent pas à grand-chose même s’ils semblent très respectés par la population. L’autorité est vénérée ici, le chef a toujours raison, le policier aussi. Plusieurs anecdotes montrent que leur rôle doit être relativisé.

Avant-hier, mon chauffeur, un peu égaré dans Pondichéry, enquille un sens interdit dument signalé. La moitié de la rue lui fait remarquer et s’insurge contre cette automobile à contresens lorsqu’apparaît une hirondelle. Ah oui, pour les plus jeunes, qu’est-ce qu’une hirondelle ? C’est un policier à vélo, ancienne mode, pas les GIs en VTT que l’on voit maintenant sur le bitume parisien, non, un flic avec cape, d’où le nom d’hirondelle lorsqu’il roule à grande vitesse, sur un vieux clou très tendance en Inde. Bref, le perdreau sur roulette croise notre véhicule avec un regard de mépris teinté d’indifférence. Il devait avoir mieux à faire.

Tous les samedis, l’ECR pour East Coast Road qui, en plus de passer à 500m de ma maison relie Chennai à Pondichéry, l’ECR disais-je est blindé de soiffards qui vont acheter leur alcool à Pondichéry où il est vraiment moins cher. Et tous les samedis, exactement au même endroit, la police déploie son radar mobile essayant d’attraper des conducteurs qui sont tous au courant, forcément. Cela dit, depuis 2002, seule la police à le droit de bouger les vaches à coup de bâton même. C’est dire l’autorité qui leur est conférée et je ne plaisante pas…

 

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23 août 2014 6 23 /08 /août /2014 16:42

J’ai une cousine, si si, j’en ai même plusieurs, j’ai de la chance, elles sont toutes adorables. Je disais donc que j’ai une cousine pétillante et charmante que je vois trop rarement mais qui, heureusement, poste souvent des trucs sur Fesse Bouc. Comme elle lit ce blog de temps en temps, c’est vraiment une très bonne cousine, elle sait que certains posts me feront réagir. En effet, si je suis très sourd de l’oreille droite, je vous en ai déjà parlé, j’attribue ça au Rock&Roll mais l’éducation a dû y faire un peu, elle est assez sourde de la gauche. C’est familial aussi, on ne se refait pas comme ça. Là, elle a posté la colère d’une professeur de Zumba. Ah oui, j’ai omis de vous dire que cette cousine est adepte de cette secte de déancheur : la Zumba. Or voilà, je ne résiste pas à vous faire part de la prose que la coléreuse professeur publie sur Fesse Bouc :

Zumba Carolina Montes

Tu veux avoir des rapports sexuels ? Ne t'inquiètes pas L'ÉTAT te donnera des préservatifs dans n'importe quel hôpital. Tu les as déjà eu ? Ne t'inquiètes pas il te donnera aussi la pilule du lendemain. Tu as oublié de la prendre ? ne t'inquiètes pas, jusqu'à la 12ème semaine l'IVG sera couvert grâce à lui. Ton bébé est déjà né? ne t'inquiètes pas, il te donnera des allocations. Tu es chômeur? ne t'inquiètes pas tu recevra une "aide" quelconque. MAIS si tu décides de te former professionnellement, te sacrifier, étudier, t'investir, prendre des risques, te casser le dos à travailler et être productif. NE RÊVE PAS, l'état te prendra la moitié pour financer tout ce dont certains ne devraient pas "s'inquiéter". Liberté, fraternité, égalité !

Je ne vous laisse pas trop longtemps à vos réflexions, ce texte fait partie des petits trucs de propagande que l’on trouve sur les réseaux sociaux. Celui-ci est tellement gratiné que je me permets de lui faire une réponse, il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. Carolina, la colère est mauvaise conseillère, tu devrais le savoir. Toi qui as 34 ans, comme le dit ton profil Fesse Bouc, tu devrais essayer le sexe pour te détendre en plus de la Zumba au lieu de dire des âneries ou de les propager, j’ai des doutes sur le fait que tu ais écrit cette prose. Parce que si la première partie concernant la contraception est en partie vraie, la seconde est entièrement fausse.

Avant de te le démontrer, sache que la première partie est un mélange de lutte contre les MST et d’acquis par nos ainés par des luttes féministes, je sais, le mot n’est plus à la mode. Maintenant, il faut travailler, point de salut hors de la saine sueur de nos usines, mais au fait, lesquelles d’usine ? Tu fais bien de commencer par les chômeurs, cette bande de feignasses assistées qui ne fait rien qu’à trainer chez Paul Emploi ou sur internet pour chatter sur Fesse Bouc tout en touchant des allocations qu’ils dépensent au Fouquet’s, les ordures.

Ensuite, sache que si tu tiens effectivement à te former, étudier, te casser le dos à devenir productive, j’ai tous les tuyaux pour que tu fasses ça aux frais de l’état et des organismes sociaux. En tant qu’ancien membre du jury d’une école d’ingénieurs normande, je pourrais te donner les bons plans pour faire ou refaire des études, continuer un parcours arrêté trop tôt ou changer complètement d’orientation si la Zumba ne te plaît plus. J’ai moi-même profité de ces dispositifs pour faire un diplôme d’ingénieur sans débourser autre chose que de mon temps. Auparavant, tu auras pris soin, avec les mesures que tu cites en début de texte, de ne pas te faire mettre un polichinel dans le tiroir, c’est un frein.

Liberté, égalité, fraternité… c’est dans ce sens là que c’est écrit sur le fronton de ma mairie.

 

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23 août 2014 6 23 /08 /août /2014 06:02

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Heureusement, qu’est-ce qu’on s’ennuierait ! Après notre tour du nord Tamil Nadu (Kamcheepuram, Mahamallipuram, Gingee, Auroville, Pondichéry), retour à la maison et aux règlements des problèmes ‘ménagers’, retour au traitement aussi, aux huiles essentielles. La notion de temps ici est toute relative. J’avais appris, en Andalousie, que ‘jamais’ avait beaucoup de synonymes : demain, après, oui oui… il semble que, malgrè l’absence de colonisation ibérique, l’Inde ait adopté les mêmes concepts. Mais il y a un moment ou le fait d’être pris pour un pigeon débordant de roupies devient exaspérant. C’est alors que le premier précepte de Bouddha devient indispensable : ‘maîtriser sa colère’. J’aime mon plombier qui m’a laissé les toilettes hors services alors qu’il a encaissé mon argent, j’adore mon opérateur de téléphone auquel j’ai payé un abonnement il y a quinze jours et qui n’a toujours pas crédité mon compte, je vénère mon réparateur de Mac qui ne m’a toujours pas remboursé l’argent que je lui ai donné il y a quatre mois. J’arrête là la liste, je vais crouler sous l’amour, ce ne serait pas supportable. Bon, la situation dans mon hexagone natal n’est pas beaucoup plus réjouissante, alors à quoi bon se fâcher.

Mon docteur m’a demandé de me faire couper les cheveux pour la suite du traitement. Je suis allé chez le coiffeur local qui m’a fait une coupe courte. Les conditions santaires auraient fait fuir le premier Suisse venu : on ne nettoye pas les instruments entre deux coupes et on balaye visiblement une fois par jour mais les sièges sont d’époque, les trois figaros enchainent les clients dans une échoppe ouverte sur les bruits de la rue. J’aime l’ambiance. Mes cheveux chatain clair vont faire tache sur le sol de la boutique. Au début, mon figaro indien muet et anglo-sourd a profité de la longueur de ma coiffure pour se déchainer dans une coupe Bollywood des plus… indienne : mèche travaillée, dégradé et ondulation comme il faut, etc.. il ne manquait que les Rayban 70’s pour aller jouer sur ma Royal Enfield. J’ai pu lire une légère déception lorsque je lui montrais sa propre coupe, très courte, comme modèle de ce que je voulais. Il s’est exécuté avec brio et pour achever le tout m’a rasé au coupe coupe, ce rasoir à main qui me fait tant frémir. C’était une première pour moi.

Maintenant, je peux dire en lisant mon journal : ‘this country goes staight to Hell’. (American Beauty)

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21 août 2014 4 21 /08 /août /2014 14:00

Jean-Luc nous a quitté lundi soir... son hépatite l'a finalement eu.

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21 août 2014 4 21 /08 /août /2014 07:02

C’est le drame de l’été, le maître de la ‘musique’ à un doigt s’est séparé de sa compagne en silicone. N’avez-vous pas lu cette nouvelle qui devrait faire la Une de tous nos journaux : David et Cathy Gettha, c’est fini. Trêve de plaisanteries, il est déjà miraculeux pour lui, David, que sa production soit publiée, encore plus incroyable qu’elle soit vendue et le fait qu’il soit une star démontre l’absence totale d’éducation musicale dans le monde. Fuck you, you’re famous.

En attendant, la route de Pondichéry était bordée de pèlerins, marcheurs vers Velankanni. Une impressionnante procession sur plus de 100 km. Le plus impressionnant, c’est que les marcheurs vers Notre-Dame de la Bonne Santé sont de toutes les confessions : chrétiens, indous et musulmans. Mon chauffeur indou m’a dit qu’il faisait le pèlerinage en train avec sa famille et passait deux jours sur place. Incredible India.

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20 août 2014 3 20 /08 /août /2014 12:15

Tous les matins, Raj, un docteur en médecine ayurvédique, vient me masser ou plutôt m’imbiber d’huiles essentielles destinées à me faire du bien. En fait, il me masse pour faire pénétrer ces huiles comme on frotte un poulet avec du citron et de l’ail avant de le passer au four. Du coup, je sens bon les épices ‘pain end feeling’. Pour faciliter la tâche de Raj, j’ai acquis une table de massage. Le processus est simplissime :

1. Trouver un traducteur Tamil/English, enfin, pour l’Anglais, ne pas envisager plus de 200 au TOEIC pour le traducteur.

2. Faire 5 à 6 fabricants de meubles en expliquant le besoin et en négociant à chaque fois. Ça prend quelques heures mais c’est rigolo.

3. Quand on a fait le tri, on va voir le fabricant que l’on pense être le meilleur et on renégocie un petit coup, le prix et le délai, ça va de soi, en l’occurrence 2 jours.

4. On paye une avance, un quart du prix puis, on attend.

5. Au bout d’une semaine, on retourne voir le fabricant qui est évidemment en retard et on négocie une baisse du prix ou alors, il livre sous 24h.

6. La table arrive effectivement sous 24h, elle est conforme je la paye et … elle ne rentre pas dans la chambre, l’entrée de celle-ci est trop petite !!!

7. Même pas vrai me disent Raj et Elumalai qui me colle la honte, la table rentre au quart de poil. India 1/France 0.

Je suis donc maintenant massé sur une table. Ce traitement est épuisant, c’est entre autres pour cela que j’écris moins. Demain, le traitement évolue, je vous raconterai.

Connaissez-vous Velankanni ? Ben moi non plus jusqu’à hier. Il traine ici, sur le bord des routes, des marcheurs en dothy et saari orange pâle qui vont en groupe vers le sud. Quelques-un portent des drapeaux. Ils font le pèlerinage décennale vers Notre-Dame de la bonne Santé à Velankanni, 500 km au sud de Chennai. Cette bourgade de 10 000 habitants va accueillir un million et demi de pélerins pendant 10 jours. Les pèlerinages ici, ça ne rigole pas, ça déplace 2% de la population de Tami Nadu. Il paraît que, comme à Lourdes, on y guérit de tout. Je devrais peut-être y passer…

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14 août 2014 4 14 /08 /août /2014 14:14

Il y a des soir où Saral, ma très chère cuisinière/femme de ménage, n’a rien laissé à manger ou alors j’ai oublié de lui demander de le faire… avec Alzeimer, je ne sais plus. Je déconne, j’ai beaucoup de trucs qui se barrent en c… mais pas encore l’unité centrale, heureusement. Donc, ces soirs-là, s’il ne pleut pas, on me pousse jusqu’au Woodoo Bar. Le top du Tamil Nadu : chaise et table plastiques sur du sable bien dur face à un écran géant qui diffuse au choix du cricket ou des clips Bollywood et Kollywood. Je rappelle pour les nouveaux, Bollywood = Indi, Kollywood = Tamil. C’est bien et on voit tout de suite où la chorégraphe de Beyoncé va à la pêche à l’inspiration. Ou alors c’est l’inverse allez savoir.

Quand il pleut, hors de question de pousser mon carrosse un quart d’heure pour se doucher devant un écran géant. Je commande donc chez Kebab Court. C’est bon, pas trop cher et c’est le livreur qui se mouille. Bien fait pour lui, il est payé pour ça ! L’autre soir, nous étions huit à diner, hors de question de se mettre aux fournaux. Un orage éclate, j’attrape mon téléphone et commande des byrianis, des morceaux de poulet, du mouton et surtout des Kulfis, sorte de crème glacée locale à la cardamone, un délice. 30 minutes et quelques roupies plus tard, nous voici attablé autour du festin. J’avais mis mes lunette de coté et me mis à croquer une épice étrange dans mon byriani. En fait d’étrange, c’était plutôt amer et pas très bon… avec des antennes au toucher de langue. Faisant fi des recommandations de Madame de Rotschild sur la bienséance, je recrachais le tout dans mon assiette, il s’agissait bien d’un cafard qui avait migoté avec le riz. Rinçage de bouche, cris écoeurés mais pas dégoutés des autres convives dont l’appétit ne se trouvait pas coupé, contrairement au mien mais dont l’attention se trouvait redoublée. J’ai rayé Kebbab Court de la liste de mes fournisseurs, j’ai un peu le cafard.

 

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13 août 2014 3 13 /08 /août /2014 14:54

Au bout d’une semaine de massages ayurvédiques, une bulle s’est échappée. C’est une bulle de douleur. Assez étrangement, elle a laissé place à des sensations qui ressemblent à ce qu’étaient les douleurs. Je vois que je ne suis pas très clair. Là où un point douloureux me gênait, la présence de… quelque chose se laisse percevoir, sans être désagréable. Qu’as-tu fumé ? Me demande le lecteur attentif. Rien, je ne fume plus depuis bien longtemps. Et le corps, voyant s’échapper cette bulle, se détend d’un coup remettant en route tous les fluides et me plongeant dans le sommeil du juste plus que de raison !!! Pschitt une journée de perdue ? Non, il semble que mon corps réclamait ça depuis un bout de temps. Je reprends pied petit à petit. Et je peux retourner combattre les petits trucs qui pimentent la vie indienne : le téléphone qui ne fonctionne pas, un remboursement qui ne tombe pas, une commande très en retard…

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7 août 2014 4 07 /08 /août /2014 03:48

Que savez-vous de l’Afrique ? En ce moment, on y attrape Ebola. Il y a peu on s’y faisait enlever et zigouiller par des islamistes. Que savez-vous de l’Inde ? On s’y fait violer à tour de bras. Enfin, voilà les images renvoyées par la presse, des messages de peur qui sont très vendeurs. Des messages qui alimentent et minent l’imaginaire collectif. Depuis que je vis entre ici et un des quatre coins de notre hexagone, quand je dis à un compatriote que je vis en Inde, il me répond inmanquablement que c’est un pays où l’on viole beaucoup. C’est un des effets pervers de la politique de lutte contre les violences faites aux femmes. Tandis que notre inutile président se bat avec sa compréhension de l’économie et de la politique, les statistiques donnent toujours un bonne dizaine de milliers de viols par an dans l’hexagone. Mais personne ne va dire qu’on abuse des femmes en France. Le message est que nous sommes des faignants assistés, racistes, antisémites et homophobes. Il est donc urgent de faire des lois et des pactes pour nous ‘remettre au travail’ dans une moralité irréprochable.

Parlons donc un peu de cette valeur incandescente, de ce Graal, de cet absolu moral, de cette leçon de vie (sic.) : la valeur ‘Travail’. Importée comme référence indispensable de l’homo sapien fréquentable, le travail est un objet fuyant. Je parle évidemment du ‘vrai travail’, celui qui sent la sueur et l’effort, la France d’en bas. Oui, car musicien, acteur, écrivain et toutes les professions dérivées ne font pas partie de cette référence. Ce qui est étrange car un musicien, ou un acteur célèbre génère un respect qui l’absout de l’appartenance à la caste des glandeurs sans horaire. Bref, la valeur ‘Travail’ est maintenant accordée aux besogneux prêts à donner sans compter. Il faut avoir entre 30 et 50 ans, de l’expérience mais pas trop, ça coute cher à l’entreprise, du dynamisme et un je-ne-sais-quoi qui permet de s’intégrer à l’entreprise, sein des seins de ladite valeur. En dessous de 30 ans, l’expérience fait défaut, il faut se former plus pour se professionnaliser plus. Passé 50 ans, on a tout donné et de toute manière, on coute trop cher à l’entreprise, il faut songer à cultiver son potager.

Trêve de plaisanteries, la devise du troisième Reich était ‘Arbeit Macht Frei’ (le travail rend libre), celle du régime de Vichy : ‘Travail, famille, patrie’. Nous sommes donc revenus, mine de rien, aux fondamentaux de l’ignoble. L’économie se pose au-dessus de la condition humaine comme un système auquel l’individu moralisé doit tout. On a un peu renversé la torilla, oublié que l’économie est un système humain qui ne fonctionne que si des humains l’alimentent. De ce point de vue, les pays émergents ont mis la poubelle les idéaux qui les ont construits : l’égalité, l’humilité et la non-violence en Inde, l’égalité, le partage des richesses en Chine, pour ne parler que des plus grands. Ils ont joyeusement mis à l’écart ces utopies d’éducation et de santé pour le plus grand nombre pour favoriser, au travers d’une croissance hyper-inégalitaire, des indicateurs de développement économique. Sans me poser en Che Guevara de pacotille, il me semble bien que l’on mette beaucoup plus en exergue les défauts de ces anciens régimes que ceux du capitalisme sauvage qui les a remplacés. Une usine de textile qui brule au Begladesh fait des victimes qui sont à attribuer directement à la valeur ‘Travail’. Voilà les Indiens occupés, dans un calme relatif, à gagner leur argent. Facteur de paix civile ? Une dernière remarque, il subsiste quelques reliquats de grande pauvreté à Chennai, des bidonvilles. La plupart sont des villages mobiles d’ouvriers du bâtiment. On peut en embaucher un couple avec enfant pour 10 000 roupies mensuelles soit 120€ environ. En comparaison, mon voisin Indien d’en face vient d’acquérir une berline Allemande haut de gamme. Elle coute environ 70 000€ en Europe, il a payé 100% de taxe pour la faire venir à Chennai. Qui a dit que la croissance et le travail profitaient à tous ?

 

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