Aujourd'hui, j'ai décidé d'être un peu chiant. comme je ne travaille pas de la semaine, je travaille le dimanche. C'est le coup d'avoir renvoyer mon acte de
baptème, ça soulage et ça laisse des libertés. Comme ça, je peux travailler le dimanche sans être excommunié. Bref, parlons un peu d'économie industrielle.
L’automobile, c’est comme le Kikimeter chez la plupart des mâles homo sapiens sapiens. Ou plutôt, comme l’expression du Kikimeter : ‘T’a vu comment j’en ai une
grosse et puissante ?’. Alors quand on cause d’industrie automobile en France, c’est comme de dialoguer sur les fabriques de Kikimeters… C’est un sujet sensible.
Par exemple, le président du conseil de surveillance de PSA s’est exprimé récemment sur son pauvre groupe qui fait les frais d’une communication plutôt hostile ces
temps-ci. Il faut dire qu’en ces périodes de peur de tout, annoncer la fermeture d’un site industriel avec toutes ses conséquences sur la vie locale n’est pas forcément bienvenue. Même si le
travail est considéré maintenant comme un truc douloureux mais nécessaire, une espèce de graal qu’il faut absolument atteindre mais qui, en contre partie, vous colle toutes les pathologies
possibles : névrose, addiction, vieillissement prématuré, stress qui conduit au suicide, etc..
Il faudrait peut-être se souvenir de la manière dont cette annonce a été faite et de son historique. Souvenons-nous
que bien avant les élections présidentielles, il y avait une rumeur persistante de fermeture du site d’Aulnay-Sous-Bois. Rumeur à peine contredite par la direction qui s’est tue jusqu’il y a peu.
Puis, il y a quelques semaines, le patron de PSA, Philippe Varin annonce la suppression de 8 000 emplois en France et la fermeture dudit site. Une parenthèse est nécessaire pour signaler que
l’annonce a été faite après les élections présidentielles alors que la rumeur et les décisions couraient certainement depuis un bout de temps. Je conçois que cette remarque puisse être prise pour
de la mauvaise fois. Il n’y avait peut-être pas d’intention politique mais… La seconde remarque sur cette annonce est qu’elle est faite au début de l’été, juste avant les congés, période qui
permettra aux énervements de la première heure de retrouver le calme après quelques semaines passées à Palavas les Flots, à la Grande Motte ou Casa. On voit l'influence des conseillers en
communication du groupe.
Philippe Varin a été le feu de la critique car il a aussi claironné que le travail était trop cher en France et que c’était une raison majeure de ce plan
d’économie. Qu’en est-il en réalité ? Le travail est plus cher en France sur la base du coût horaire mais la productivité est meilleure que chez la plupart de nos voisins. Par exemple,
en 2009, le différentiel entre l’Allemagne et la France n’était pas loin de 10% (source BIT). On pouvait donc payer les ouvriers Français 10% plus cher en ayant les mêmes coûts de main d’œuvre
par véhicule à la sortie des usines. Il serait surprenant qu’en 3 ans, les productivités relatives se soient alignées. Et les concurrents allemands de PSA ne se portent pas si mal que ça. Parler
de coût du travail sans parler de productivité, c’est absurde ou orienté politiquement.
Maintenant, regardons les chiffres de PSA sur 2011 versus, par exemple, un autre constructeur français, Renault (source). Les chiffres d’affaires sont similaires à
peu de choses. En Europe Renault vend 25% de véhicules en moins que PSA, dans le monde, 10% de moins. Renault a mieux réussit son internationalisation. Là donnée intéressante est le nombre
d’employés, 128 000 pour Renault, 209 000 pour PSA. Chez PSA, il faut 0,67 personnes pour fabriquer un véhicule contre 0,48 pour Renault soit un différentiel de 30% de charge de main d’œuvre dans
le coût d’obtention d’un véhicule. C’est pourquoi Philippe Varin pense que le travail est trop cher en France. Renault a choisit un moment plus propice au travail sur la productivité, on ne
refait pas son toit quand il pleut. Ce qui est étonnant, c’est que Renault possède 26 sites de fabrication contre 17 pour PSA. Small is beautifull. Les parts de marché sont respectivement de
10,1% pour Renault contre 13,3% pour PSA en Europe et de 3,6% contre 3,7% dans le monde, ce qui reflète l’internationalisation relativement mieux réussie de Renault. Enfin, le bénéfice pour 2011
était de plus de 2 milliards d’Euros pour Renault alors que les pertes étaient de 92 millions d’Euros pour PSA. On peut critiquer Carlos Ghosn pour sa façon de communiquer, son salaire ou son
style de management, mais jusque là, c’est lui qui a raison.
Que dire alors de la sortie de Thierry Peugeot, président du conseil de surveillance de PSA ? Les charges contre le groupe PSA et son management sont-elles
exagérées ? Alors que le marché automobile perd un peu plus de 20% au premier semestre 2012, Peugeot perd 35% et Citroën 22% (source). N’y aurait-il pas un petit bug dans la stratégie produit ? Pourquoi se vend-il
moins de Peugeot que de Citroën, moins de Peugeot que de Volkswagen ?
Thierry Peugeot pourrait peut-être se demander quelle sera la couleur du parachute de Philippe Varin plutôt que de se lamenter sur les attaques justifiées dont son
groupe fait l’objet. Surtout que les autres branches du groupes sont bénéficiaires sur l’exercice. Que ce soit la finance, la logistique avec Gefco ou la sous-traitance avec Faurecia. On pourrait
aussi lui reprocher de faire le ménage par appartement au lieu de faire jouer la solidarité de groupe.
On ne gagne pas d’argent en en économisant.