En préalable à cette chronique, je souhaites prévenir les âmes sensibles, ceux qui ont oubliés qu'il existait un second degré et le jeune public que ce qui va
suivre est écrit à balles réelles... Passez donc votre chemin premier degrétiste, moraliste de bas étage et impudent mineur, je risquerai moins de procès. Cela écrit, ma poignée de lecteurs
assidus ne devrait pas trainer en justice.
Car hier, oui hier, deuxième mardi de janvier à l'ambiance si caractéristique que l'on y constate un record de suicide, 'avec un ciel si bas qu'un canal s'en pendu'
chantait Brel, hier écrivais-je, pris moi-même d'un accès de blues, j'allumais la télévision. Oui lecteur tu ne rêves pas, ou plutôt, tu ne cauchemardes pas, il n'y avait pas de rugby, pas de
film intéressant, ce n'était pas l'heure des 'chiffres et des lettres' et j'ai allumé la télévision. Passant mon ennui sur la zapette en essayant de repéré quelque chose d'intéressant sur les
quelques centaines de chaines du câble que j'ai, sans me vanté, le privilège de louer.
J'ai donc constaté plusieurs truismes. Le premier, c'est que la quantité ne fait pas la qualité (doux euphémisme), plus il y a de chaine, plus la daube est étalée.
Ce qu'un producteur disait à propos de la méthode de travail des Stones post 1973 : 'la technique est de jeter toute la merde sur le mur, on ne garde que ce qui colle'. Au moins, ils en
jetaient beaucoup. Là, non, on garde tout.
Il existe des chaines qui ne doivent être là que pour blanchir de l'argent ; elles passent en boucle des séries éculées, les pires de mon adolescence, des
séries que plus personne ne veut voir, même en streaming gratuit. Il existe ensuite des chaines thématiques où l'on peut voir des sujets aussi passionnants que la chasse à la bécasse dans le
marais du Cotentin par exemple. Je passe les chaines d'informations toutes strictement clonées et les chaines 'musicales' qui passent en boucles les cinq ou six clips de leur playliste jusqu'à la
nausée. Baisse le son Lucien, on ne s'entends plus vomir...
Il reste quelques chaines qui génère de l'émission originale. Lisons bien 'original' dans le sens 'filmé pour la chaine', c'est à dire avec des images
structurellement neuves, non empruntées à d'autres programmes. Comme une expérience mystique, je plongeai dans ce que j'ai vu de pire après un journal de midi sur TF1 ou un débat Zeymour
Horteufeux, la télé-réalité du pauvre : 'Les Chti's à Las Vegas'. Il existe aussi, parraît-il, 'les Chti's à Ibiza' ou les marseillais je ne sais où...
Pour faire court, comment pourrait-il en être autrement, vous prenez une dizaines d'adolescents post puberts, tous blancs, un brin de silicone pour les filles et
d'EPO/salle de muscu pour les gars, dont le QI global n’excède pas celui du producteur et dont la capacité d'expression laisse à penser que Ribery pourrait entrer à l'académie Française. Vous les
extrayez d'une région fière d'être ce qu'elle est, et vous les faites voyager dans ce qu'il considère comme la Mecque de leur culture. Là encore, il faut lire 'culture' comme une approche
lointaine de ce que le pire roman de gare à l'eau de rose peut produire. Voilà donc notre dizaine de proto-mongoliens au temple des lumières. Comme il semble que ce soit la règle dans les
émissions de télé-réalité, chaque fois qu'une séquence voir un plan est montré, on montre immédiatement après un interview de celui que l'on voit lors du plan. Pour expliquer aux spectateurs ce
qui s'est passé car, le 'réalisateur', dans sa grande intelligence, mesure à distance la profondeur abyssale de la crétinerie imbécile qui fait que l'on reste devant ce zoo humain. Bref, de la
connerie du spectateur. A ce niveau de bassesse intellectuelle, on doit pouvoir observer des calamars géants de plusieurs dizaines de mètres... Mais, ce n'est pas le pire. Il ne se passe rien
d'autre que des mouvements ératiques de caméra qui tentent de faire croire à l'idiot que je suis que ça bouge grave pour les Chti's à Las Vegas. Je m'arrête là, c'est trop facile de tirer sur une
ambulance pareille. En plus, vous n'allez pas manquer de me faire remarqué que les critiques d'un bobo parisien sur des provinciaux qui s'éclatent aux USA, n'ont que peu de valeur.
J'assume...
Comme lors de l'ouverture des ondes aux radios libres, il semble que l'ouverture à un plus grand nombre de chaines soit l'opportunité de déverser plus de connerie
sur ceux qui ont du mal avec le bouton rouge de leur zapette. Et de penser qu'il y a une haute autorité pour 'réguler' ça... Arrêtez de rire. Il faut surtout interdire la coke aux
'concepteurs'.
Plus sérieusement, on pourrait penser à l’allégorie de la caverne de Platon pour expliquer
que de tels trucs existent, ce serait faire insulte à son auteur. Nous ne voyons pas ici le reflet de la réalité, ce n'est que la projection sur un écran LCD de l'expression la plus triviale des
fantasmes des producteurs TV.