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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 11:36

Après avoir vu trois vidéos qui allait changer ma vie, me faire éblouir par un chat incroyable, douze Chinois que jamais je n’oubierai et un russe terriblement adroit, je coupe Youtube et Facebook, à moins que ce ne soit le contraire, totalement abruti et encore plus déprimé qu’avant. Arrivé où j’en étais, j’aurais tout aussi bien regardé RNJ12 ou W9, c’est dire. Dieu soit loué, à petit prix s’il vous plaît aurait ajouté Pierre Desproge, je n’ai pas de télévision. Alors on Dance ? Pas vraiment non plus.

Mon hémiplégie galope au ralenti mais galope, trois lignes pour un état des lieux avant inventaire. Une jambe gauche qui ne fonctionne plus du tout, une main gauche qui s’atrophie faute d’activité, les muscles abdominaux gauches qui ont une flemme croissante, une jambe droite qui donne de mauvais signe côté sensibilité. Chaque fois qu’un nouveau dysfonctionnement me tombe dessus, mon moral est entrainé au fond du seau. La jambe, la main et dernièrement les abdominaux. Le problème c’est qu’il y a le contrôle de la vessie dans le lot et que je me retrouve incontinent petit à petit certes et maintenant, complètement. La première réaction c’est d’arrêter de boire et de regarder Youtube… Mauvaise idée, sans eau on ne tient pas longtemps. La deuxième, c’est de s’acheter des protections, des couches pour vieux et de s’y faire… C’est ça ou la corde, le gaz, un stage chez les djihadistes. On finit par trouver le coup, c’est discret, avec un peu de rigueur, on ne pue plus, ça ne se voit presque pas, Philipp Roth décrit très bien ces conditions de vie. Le fond du seau s’éloigne, un petit coup encore et on va respirer calmement à la surface. Puis arrive la seconde incontinence, et là, c’est vraiment le bordel. Fini l’autonomie, fini, fini, fini. Douche deux à trois fois par jour avec de l’aide… Coucou le fond du seau. Réaction primaire, arrêter de se nourrir… Très très mauvaise idée. Au bout de quelques jours le corps réagi en donnant des signes forts genre détresse respiratoire. Pfffff, vive le gaz et les djihadistes, l’asphyxie n’est pas une mort douce. La pente est plus raide à remonter. Il faut se reprendre physiquement en trouvant un mode de vie raisonnablement confortable. C’est du temps plein, même plus. Je trouve toujours les ressources pour pousser au fond du seau, celle qui me les apporte dépense trois plus d’énergie que moi. Comment fait-elle ?

Soyons léger, avez-vous entendu parler de drones ces temps-ci ? Non… Ils doivent dormir quelque part dans les sous-bois.

 

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25 juillet 2014 5 25 /07 /juillet /2014 09:12

Mes douleurs et moi, on se côtoie depuis quelques années, on se connaît bien. Elles sont comme des collègues de travail avec lesquels on est obligé de partager quelques moments mais que l’on déteste profondément. Je me souviens d’un qui me traitait d’hypocrite. Quel conn… on travaille pour gagner sa vie, pas pour aimer ses collègues. Ce serait un plus, certes et c’est sans doute ce qui fait fuir le salariat, la cohabitation finit par entrainer des réflexes de vieux couples. Bref mes douleurs, même si je les déteste profondément, j’ai appris à les apprivoiser. Si je les laisse s’approcher de trop, elles deviennent collantes au point d’accaparer tout mon être. Il faut donc les contrôler, les écouter en permanence pour les tenir à une distance respectueuse, c’est un exercice rigoureux. Il y a trois jours, j’ai failli et je me suis retrouvé avec une grève sur le tas. Se laisser aller, rien de pire avec ces gens-là, il faut être super-vigilant. La nuit, tout allait à peu près bien sauf ce petit truc dans le bras. Rien de plus simple qu’un petit massage et un changement de position… Rigole mon grand. Il fallait un coup de massue que j’ai tardé à asséner. Il faut se faire à l’idée que les prochains jours seront consacrés à chasser l’importune. Il va être nécessaire de se droguer beaucoup plus et par là même de mettre son cerveau de coté. L’idée est de passer un ou deux jours à coté du réel ou plutôt, dans une autre réalité.

« La vie est une suite sans fin d’expériences » (Gandhi).

 

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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 22:46

Le bouc émissaire est une base de n'importe quelle organisation. Le martyr désigne souvent son tortionnaire comme le bouc émissaire. Que serait devenu la marche de Gandhi sans son incarcération par les Anglais, celle de Mandela par le pouvoir afrikaner ? Je ne parle pas d'éventuelle mise en examen du petit timonier qui ne ferait que resserrer ses troupes autour de lui à l'instar d'un Napoléon Bonaparte de pacotille sur son île symbolique de Saint Hélène... On redouterait les cent jours qui se terminent invariablement en cata totale. Bref, pour en revenir au bouc émissaire, j'aimerais traiter d'un sujet qui me touche particulièrement, le traitement chimique des métastases, les chimiothérapies. Il se fait actuellement, des campagnes contre l'industrie pharmaceutique qui en profite pour se fait beaucoup d'argent sur le dos des patients et surtout du système de santé avec des traitements inefficaces. Il ne faut pas faire le mauvais procès. Les chimiothérapies sont efficaces dans bien de cas, le mien en est un exemple. Deux attaques chimiques et trente ans de vie en plus, il n'y a pas photo, ma maladie de Hodgkin m'aurait tué bien avant, mon adénocarcinome aussi. Affirmer ainsi que les chimiothérapies tuent plutôt qu'elles ne soignent, c'est aller vite en besogne. Quand on aborde ça avec un peu de santé, je veux dire avec un peu de forme physique. Par exemple, le père de Stéphane qui a eu la même opération que j'ai subie il y a cinq mais avec vingt ans d'écart, n'a pas survécu. On n'a clairement pas la même résistance physique à 70 ans qu'à 47. C'est la même chose pour la chimiothérapie, c'est une lutte à trois, soit la chimiothérapie tue le cancer, soit elle vous tue, c'est ce qui est arrivé à mon ami Dom. De là à prétendre que la chimiothérapie tue tout le monde, il y a un pas, même si les effets à long terme peuvent être une plaie. En revanche, il existe un vrai problème d'accès aux soins. Je m'explique. La dernière chimiothérapie que j'ai eue, j'allais la chercher chez mon pharmacien. Une dose tous les quinze jours, quatre cents Euros la dose, ça calme non ? Sans système de santé efficace, pas d'accès aux soins, la mort au bout du cancer. Je ne sais pas si les médecines alternatives existent, je n'y crois qu'à moitié, faisons des essais cliniques, prouvons que c'est statistiquement ou localement efficace, j'achète tout de suite.

Donc, à un moment, nous avons décidé que la recherche et la production pharmaceutique seraient privées, et qu'elle devrait être rentable. Nous avons donc collectivement décidé, consciemment ou pas, de sacrifier les pauvres. Pas forcément les pauvres français, les pauvres tout simplement. En Inde, j'achète des médicaments pour un prix tellement dérisoire qu'arrivé en France, je mesure l'absurdité de notre économie de santé. Les médicaments de bases n'y sont pas deux ou trois fois moins cher qu'en France, ils sont dix fois moins cher que nos génériques.

Quand les médecins sont plantés, on peut envisager la question des médecines alternatives, même si la profondeur des compétences de la médecine hospitalière est plus insondable qu'on ne le pense. C'est en discutant avec des médecins de l'hôpital que j'ai pris du cannabis, par exemple, que l'un d'eux m'a conseillé l'acuponcture. Ces médecins sont vus souvent comme des pontes au pouvoir de vie et de mort, méprisant leurs patients. Ce sont des gens intelligents dans la mesure où leur cursus montre qu'ils ont des capacités intellectuelles. Ok, ce n'est pas la longueur de la sagaie qui fait la valeur du guerrier, la couleur du diplôme qui fait l'intelligence de celui qui s'en sert. En s'y frottant, on finit par en extraire le savoir, en posant les bonnes questions, les bonnes réponses émergent ou les réponses tout court, bonnes ou pas. Ce ne sont que des garagistes qui travaillent sur le vivant. Quand ce n'est plus réparable...

Il faudrait surtout imaginer un système de prévention efficace, lutte contre le tabac, l'alcool, la plupart des saloperies chimiques que nous absorbons, que nous respirons ou avec lesquelles nous vivons tous les jours, le stress etc... ça nous éviterait les chimiothérapies. « Le cancer, me disait l'oncologue qui m'a soigné ma maladie de Hodgkin, c'est comme un incendie, il faut un carburant, un comburant et une étincelle, la carburant, c'est le milieu, ce que vous mangez, respirez, côtoyez, le comburant, c'est vous, votre patrimoine génétique, l'étincelle, c'est un stress émotionnel fort, un changement de mode de vie, un divorce, une mise à la retraite... ». essayons de gérer les deux points sur lesquels on peut faire quelque chose par nous-mêmes : le comburant et l'étincelle.

Nos proches qui sont morts de cancers ont souvent vécu des martyrs. Ne faisons pas des pharmaciens les boucs émissaires de leurs souffrances, ou alors, pas les seuls. Vivons zen et propageons notre zenitude, les chimiothérapie seront moins utiles à notre survie.

 

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20 juin 2014 5 20 /06 /juin /2014 15:20

Comme ça faisait longtemps que je ne vous avais pas parlé de mon hémiplégie, je vous en donne quelques nouvelles. J'ai enfin réussi à attraper un neurologue qui a l'air motivé par mon problème. Comme tous les autres étaient plantés, il fallait bien que j'en trouve un compétent sur le sujet, à croire que je suis un cas. De fait, comme j'aurai déjà dû mourir une paire de fois, personne ne sait trop comment me prendre. J'ai d'abord vu un spécialiste de la douleur. Aleluya ! Quelqu'un qui s'y connaît en drogues, une espèce de Doctor Roberts institutionnel. Pour le coup, je quitte petit à petit les opiacés pour la chimie fine. Je dors moitié moins, mon couloir aérien est descendu de 8 000 pieds, je revis quoi, tant pis pour la créativité. Merci docteur !!!

J'ai donc un neurologue militaire... un des spécialistes de la neurologie post cancéreuse d'un hôpital civil a considéré que je serais mieux suivi chez les bidasses. Inch Hallah comme on dit par chez nous. C'est l'hôpital qui maintient en vie le président algérien depuis des décennies, il devrait pouvoir me soigner. Comme ça ne fait que six mois que cherche à me faire prendre en main par ce spécialiste, il réclame de nouveau toute la batterie d'examens d'usage, IRM, TepScan... Si vous souhaitez des explications techniques, n'hésitez pas, je commence à maitriser la théorie. J'aurai eu quand même largement le temps de passer l'arme à gauche si mon truc n'était pas à évolution lente, merci mes métastases flemmardes. Il est possible qu'il n'y est même pas de métastases. Suite dans quinze jours pour savoir si mon médecin-chef n'est pas découragé par l'ampleur des dégâts.

En attendant, il fait beau et le parc est génial quand je trouve une bonne âme pour m'y pousser.

A demain peut-être

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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 12:56

Il est des moments où la presse, Aï, je fais une généralisation que je déteste, se met à traiter un sujet de manière totalement hystérique, sans trop contrôle des sources, en tout cas, a minima, et pour faire un buzz maximum. CNN a ainsi laissé une info totalement et intentionnellement déconatoire sur un astéroïde géant qui doit nous péter à la figure le ’35 mars 2041’ (source ‘passeurdesciences’)… Et de laisser le canular en ligne 3 semaines. Bonjour l’intégrité journalistique.

C’est le cas aussi des trains de banlieue SNCF, trop larges pour la plupart des quais existants. Regardons de plus près… depuis que je fais partie de la joyeuse confrérie des fauteuillistes à roulettes, je m’intéresse aux accès qui nous sont possibles. Et le train est un sujet en soi. Prendre le RER en fauteuil, autant essayer de crier un slogan hostile au petit timonier lors d’un de ses meetings. En théorie, c’est jouable, dans la pratique, entre la haine générée par le dérangement et le temps passé à ramer, je me suis abstenu. Donc, pour en revenir aux trains de banlieue, les nouveaux modèles ont été conçus aussi pour nous, la joyeuse confrérie des fauteuillistes à roulettes… n’en déplaise aux ronchons. Il se trouve que pratiquement aucun quai et aucune gare SNCF ne sont compatibles avec nos machins roulants. Il faut donc les changer. Mais ce sujet n’intéresse personne dans l’hexagone où les fauteuillistes à roulettes représentent une confrérie bizarre et un peu à part, qu’on préfère confier à des transporteurs spécialisés et qu’on n’aime pas trop voir parmi ceux qui marchent debout, surtout dans les transports en commun. Je ne voudrai pas vous stresser, bande de lecteurs, mais votre fournisseur de chroniques en est l’exemple, notre confrérie est ouverte à tous. Il ne s’agit pas de politiquement correcte, il s’agit de vous, nous, eux… Donc, la dépêche AFP annonce des trains trop larges, tout le monde saute dessus et pourrit la SNCF qui, dans sa grande inertie, ne répond pas vraiment. Il s’ensuit un buzz catastrophique.

Un autre sujet qui me ferait presque rire s’il n’était désespérant, c’est le problème de l’accès aux soins. Dans un article digne de ‘La vita e bella’, sur le site de l’UMP, le très humaniste conseiller municipal de Paris, Jérôme Dubus, ose une prose que je qualifierai d’ordurière… Ce personnage, qui n’a pas bien lu le serment d’Hippocrate, propose de ne plus financer les soins des étrangers en situation irrégulière au prétexte que ce serait une grande source d’économie, retour au moyen âge… Quel est le montant de la fraude fiscale des particuliers et des entreprises comparée au chiffre avancé dans l’article ?

Je vais juste rappeler un principe à ce monsieur, la santé n’a pas de prix, les vecteurs d’économie qui touchent la santé publique peuvent être qualifiés de nauséabonds quand ils catégorisent les usagers. Je reprends pour cela, la fameuse scène d’arithmétique au diner dans ‘La vita e bella’. Film qu’il n’a pas dû voire, un film de gauchiste… Parce que la population visée par ce sous-fifre municipal, c’est bien la population des pauvres parmi les pauvres, ceux pour lesquels il est déjà compliqué d’avoir simplement accès aux soins. J’ai comme ça des connaissances qui sont en train de crever de cancers en France ou dans leur pays, en Europe, oui, dans l’union… S’ils avaient accès aux soins, ils pourraient vivre. La proposition est de les laisser mourir, ils ne sont pas économiquement viables, nous avons les moyens de financer le MEDEF, pas eux. Je fais simple mais je suis prêt à débattre du fondement économique de ce que j’avance… Si ce truc qu’on veut démanteler et rendre ‘rentable’ n’existait pas, je ne pourrais pas écrire ces lignes. Même le pire chroniqueur économique libéral, Jean-Marc Sylvestre, a fait l’éloge du système côté usager. Alors, pour la santé publique, plaçons le curseur de l’empathie au taquet, en laissant le F Haine et les suicidaires de l’UMP parler dans le vide. Mettons le curseur de l’économie au juste niveau de l’absence de gaspillage matériel. Plus loin, il est inutile et malsain. Pour avoir travaillé longtemps avec l’industrie pharmaceutique, j’en connais les comptes de contrôle de gestion. Je sais aussi la manière dont se négocient les prix avec le gouvernement français… Là, il y a des sources d’économies énormes qui ne touchent pas à l’accès aux soins, bien au contraire.

 

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10 mai 2014 6 10 /05 /mai /2014 10:47

Considérant que mon état nécessite au moins un pronostique, voir un traitement, je suis à Paris pour consulter mes médecins et leur tirer les vers du nez. Je goute donc aux joies de ce joli mois de mai. Le premier que j’ai rencontré m’a confirmé que je n’étais pas sur l’autoroute de la longue vie paisible et que mes cellules cancéreuses allaient me la pourrir jusqu’à ce qu’on les tue ou qu’elles m’achèvent. Il avait l’air optimiste sur mes chances de survie à l’aide de chimiothérapies, ça va de soi. A voir avec les autres.

Lu dans le journal de ce matin : le ‘bloc identitaire’ organise des ‘groupes de sécurités’ dans le métro parisien au prétexte que la police n’a pas les moyens de faire son travail... Petit rappel sur le bloc identitaire, groupuscule raciste d’extrême droite qui organisait des soupes populaires spécifiquement au porc. Sans faire de procès d’intention, la milice du métro serait-elle là pour chasser l’accordéoniste roumain et les banlieusards pas assez blancs ? Laisser des milices extrémistes libres dans l’espace public, c’est s’exposer au nettoyage ethnique. En sommes-nous là ? Il y des jours où je regrette mon quintal et ma condition physique passée.

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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 06:17

Si vous avez des enfants mineurs devant cet écran, envoyez-les écouter Eminen ou Booba dans leur chambre, ce sera mieux que les horreurs que je vais décrire ce matin. Si vous êtes déprimés, pareil… Allez prendre un Prozac, je vous attends. Car je vais parler de sexe, de drogue et de rock&roll… Bref des trois addictions qui ont bercées ma vie avec une question de fond : ‘faut-il s’en débarrasser ?’.

Pour la musique, au contraire, il suffit de choisir un produit de qualité et vous pouvez en abuser, pas de risque avec Bach, Brel, Led Zeppelin ou les Beatles. Si vous pratiquez le Céline Dion, David Ghetta ou Mylène Farmer, faites attention à l’overdose. Ce n’est pas bon du tout pour le QI. Le mieux, c’est d’apprendre à se faire soi-même sa musique préférée, entre potes c’est encore mieux…

Pour le sexe, pas sur non plus qu’il faille faire quelque chose pour arrêter. Pour ma part, j’ai commencé très tôt, mais mon hémiplégie croissante ne me permet plus que de sodomiser les mouches, consentantes ou pas, ce que je fais avec bonheur à longueur de page. Il faudrait de la chimie lourde ou de le chirurgie pour remettre en état le mécanisme de base ou alors, selon la théorie d’Hemingway, j’aurai eu mon lot, point. En effet, Hemingway postulait que le mâle humain avait un potentiel limité et atteignable. Ça vaut ce que ça vaut, c’était bien pourtant.

Pour les drogues, c’est beaucoup plus discutable, surtout à cause des effets secondaires. Si le sexe et la musique ne tue pas directement, il en est autrement pour les drogues. J’entends par drogue, le tabac, l’alcool, les opiacés, les médicaments, les psychotropes… Pareil, j’ai commencé tôt et me suis arrêté à chaque fois, à trois exceptions près dont une cette nuit. La première tentative était un sevrage tabagique. Si vous avez fumé, vous savez peut-être. Le premier jour, les premières heures sont euphoriques. On y arrive, ça n’a pas l’air si compliqué. La première nuit est un peu difficile, mais ça va encore. Au fil du temps, les nerfs se rétractent bizarrement et on se transforme en pile électrique à haut voltage, le cœur accélère salement, on ne dort plus, on a envie de casser tout ce qui est à portée de main, on en deviendrait désagréable. Quand on a la santé et une vingtaine d’années, il suffit de chausser des baskets et d’aller courir jusqu’à ce que la fatigue l’emporte, ça peut marcher, il y en a qui se sont mis au sport comme ça, il faut quand même faire attention (autre addiction). Quand on a plus la santé, c’est dur. On reprend une cigarette le lendemain et paf, tout est à refaire. Finalement, les circonstances ont eu raison plus tard de mon tabagisme. Mon deuxième échec étant sans intérêt, passons directement à celui de cette semaine.

J’ai découvert les opiacées et leurs dérivés à titre d’addiction grâce à un concours de circonstances bien particulier. Il y a quelques années, en 2011 pour être précis, une bande d’incompétents siégeant à l’ASSFAPS, ancien nom de l’ANSM (à vous de trouver ce que c’est… hahaha), ont décidé de retirer du marché un anti-douleur bien efficace et sans trop d’effets secondaires, le Di-c (Je ne suis pas là pour faire de la publicité) laissant sur le carreau les utilisateurs satisfaits comme moi, pour la fallacieuse raison que quelques andouilles s’en faisaient des overdoses et passaient l’arme à gauche. Je sais qu’on peut se faire des overdoses de médicaments beaucoup plus courants et qu’ils ne sont pas pour autant interdits de prescriptions ni mis sous surveillance. Il fallait trouver autre chose et ce sont les opiacées qui ont globalement remplacé de Di-c. Je me permets de traiter ces pharmaciens d’imbéciles car l’anonymat avec lequel ils ont pris cette décision les rends encore plus coupables. Parmi la palette de dérivés de morphine, le seul que je supporte, c’est le Tr-l à faible dose. Il est un peu hallucinogène, très efficace en cocktail avec des antalgiques plus courants mais addictif. Quand on parcours les forums de consommateurs, on se rend compte qu’il possède une palette d’effets secondaires surprenants du type retarder l’éjaculation. J’avais essayé la morphine dont l’efficacité à traiter le douleur n’a d’égale que la bêtise et la léthargie dans laquelle elle plonge le patient. Le sevrage a été difficile.

Mon hémiplégie croissante me laissant des parties extrêmement douloureuses, cela fait un bon mois que je prends du Tr-l quotidiennement mais là, j’avais une très nette envie d’atterrir. Que sont les effets secondaires du Tr-l ? Tout d’abord, une légère sensation de légèreté pas désagréable mais qui rend un brin instable. Ensuite, une constipation pas cool du tout qui, dans mon cas, associée à une absence de contrôle d’une partie de mon abdomen, m’oblige à être à l’écoute du processus de digestion. Je ne vous fais pas de dessin, on l’entend très bien. Enfin, plus de sommeil moins maitrisé, mode on/off si vous voulez. En début de semaine, je décide d’arrêter les frais et le Tr-l. Il y a tout d’abord la descente, période de fatigue et de déprime intense où l’on a envie toute les dix minutes de se jeter dans les toilettes et de tirer la chasse pour disparaître. C’est glauque, ça ressemble à un film de Danny Boyle. Puis, il y a les crises de manque. Pas cool du tout non plus, alternance de spasmes, sueurs froides et tremblements avec des petites crises d’angoisses, un délice… By by sommeil, on en a pas besoin pour déguster ça. Cette nuit, vers 1h du matin, quand la douleur reprend, je jette l’éponge et je me reprends une dose. Mieux vaut être un peu à l’ouest sans douleur que totalement absorbée par elle.

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17 mars 2014 1 17 /03 /mars /2014 13:27
Ca y est, après une année de traque systématique et méthodique, mon médecin a attrapé, entrevu plutôt, la raison de mon hémiplégie rampante. La dernière biopsie est la première à donner une lueur. On a vu quelques cellules cancéreuses, qui se compte sur les doigts d’une main, pas des deux. Pas assez de cellules en tout cas pour que l’on puisse les caractériser avec certitude et envoyer l’attaque chimique nécessaire à leur destruction. Il va falloir attendre encore dans ce cache-cache cruel où le premier qui verra l’autre le tuera. Ces cellules se développent de manière atypique en organisant un fibrome autour d’elle. Ce sont ces fibres qui bloquent petit à petit mes nerfs et entament mon autonomie. Dans cette course contre une montre qui tourne très très lentement, et en espérant qu’elle ne s’accélère pas brutalement, il faudra retourner voir là-bas pour donner un nom précis à ce crabe et accessoirement, libérer au moins partiellement mes membres engourdis par les nerfs coincés. Je retournerai sur un billard, je passerai quelques heures entre les mains d’un chirurgien, expérience déjà vécue plusieurs fois et qui m’enchante autant que de faire un stage de rééducation de quatre mois en Corée du nord. Autant dire que les arguments pour vont être à trier sur le volet. Surtout que ce passage obligé s’il est couronné de succès, sera immanquablement suivi d’une chimiothérapie, la troisième de ma vie, qui me fait autant envie que l’intervention préalable. Mais ai-je le choix ? Quelle perspective avec ? Quelle perspective sans ? « Être ou ne pas être, telle est la question. »

Le combat qui se prépare, en fait, que je subis déjà depuis un an, ne concerne que les soignants qui se charge de moi, je suis le champ de bataille, je ne participe qu’en m’offrant aux trous d’obus et aux tranchées nécessaires au combat. La victoire leur appartiendra. La patience et le désir de vivre seront mes seules armes, déjà utilisées et rodées, érodées même. Ce qui ne tue pas ne rend pas plus fort, ça creuse des sillons, ça laisse des empreintes que l’on contemple comme autant de stigmates d’un miracle moderne, de cicatrices nécessaires, de mauvais souvenirs. Ma troisième guerre mondiale se prépare et j’irais encore la fleur au fusil, je me connais.
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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 10:39

Si on sait maintenant comment je deviens hémiplégique, on ne sait toujours pas ce qui provoque cette épidurite. Hier, alors que nous nous évertuions à creuser derechef plus profondément l’abime de la sécurité sociale mon oncologie et moi, elle me faisait part de sa grande perplexité face à mon cas. On voit quelque chose progresser, on sait maintenant, comme on l’avait constaté à moult reprises que ce n’est pas cancéreux, mais on ne sait toujours pas ce qui me bouffe. Donc, pas de traitement envisageable. Bon, la bonne nouvelle, c’est que les métastases ne sont pas de la fête, l’autre bonne nouvelle, c’est que je vais retourner attendre au chaud que le collège de toubibs prennent une décision sur la prochaine exploration à faire plutôt que de passer à l’abonnement hebdomadaire au centre de radiographie, scanner, IRM de l’APHP. J’ai déjà droit à au moins deux examens gratuits. La mauvaise nouvelle, c’est que le ‘truc’ progresse tout doucement. Tant que mon cerveau fonctionne, ça me va. Quand ça commencera à yoyoter, penser à passer un amendement sur l’euthanasie. Et pas de reculade face à quelques moyenâgeux avec des drapeaux roses s’il vous plaît. C’est ma vie, j’en fais ce que j’en veux !

 

Visiblement, ce n’est pas l’avis de quelques énervés du prosélytisme familial conservateur. On occulte totalement le fait que la majorité des familles est recomposée ou monoparentale, on fait l’autruche devant les réseaux d’adoption, de PMA ou GPA à l’étranger et on refuse des droits à une minorité dont l’orientation sexuelle ne semble pas ‘naturelle’. Le tout sur fonds de rumeurs et de fantasmes d’apocalypses de la civilisation. Le pire étant l’absence totale de courage politique de notre cher gouvernement et sa reculade qui, si elle était peut-être prévue de longue date, est annoncée comme la victoire de ‘la manif pour tous’. Livide Cageot gagne à titre posthume, c’est déprimant. Je ne parle même pas du jeu de langue de bois imputrescible joué par les relais de ce discourt couard. Le pouvoir doit vraiment être agréable à vivre pour supporter de se mépriser autant. Si ces mêmes encagoulés en velours côtelés descendent dans la rue contre l’euthanasie, je promets, tout de handicapé que je deviens, de leur balancer tous les oeufs pourris que mérite leur ignorance crasse de la vie au 21ème siècle et leur absence totale d’empathie.


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1 février 2014 6 01 /02 /février /2014 10:09

‘Noël au scanner, Pâques au cimetière’, dixit Desproges. Certes, je n’y suis pas encore mais mon oncologie est persuadée que je récidive. Que depuis l’année dernière, une saloperie plus ou moins invisible mène son bout de chemin destructeur et me bouffe de l’intérieur sans aucun bruit et surtout complètement masqué. Moi, en plus de me rendre petit à petit hémiplégique, ça me fout le moral dans les chaussettes et ça agace mon esprit cartésien, qu’un cancer puisse ne pas en être un tout en agissant comme… C’est quoi ce syndrome à la con ? A-t-elle raison ? Hors de question d’attaquer une chimiothérapie sans caractériser plus précisément le crabe. Si je pars, je veux savoir ce qui m’a tué. Je me prépare à redémarrer la pelleteuse, celle qui creuse le trou de la sécu. Avais-je coupé le moteur ? 

Aujourd’hui, il y a des défilés importants dans quelques capitales européennes. Non, ce n’est pas la fashion Week, on défile pour maintenir le droit à l’avortement, pour ne pas retourner aux pratiques moyenâgeuses des faiseuses d’anges, pour maintenir un semblant de civilisation dans la santé publique. Demain, c’est le contraire, les moyenâgeux défilent contre tout ça. Sans déverser ma déprime métastatique sur l’actualité, j’ai peur qu’il n’y ai pas beaucoup de monde aujourd’hui et surtout, que la presse ne s’en fasse moins l’écho. Vous qui êtes valides, sortez cet après-midi !!!

Après ce début de post déprimant, réjouissons-nous autour d'une bière mes frères d'ovalie car ce soir c’est le Crunch avec un grand ‘C’ dans son emballage de gazon humide et de marrons frais, le chocolat du rugby, le match annuel contre la perfide Albion qui a lieu à Paris sous un crachin londonien. Si les jeunes français sont les outsiders, et c’est peu de le dire, c’est toujours un plaisir que de voir un match comme celui-ci où tous les ingrédients du rugby sont présents sur le terrain, combativité et mauvaise foi, provocation gratuite et défit physique, maîtrise technique etc… Du beau jeu qui sent fort la testostérone quoi !!!


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