17 mars 2014
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Ca y est, après une année de traque systématique et méthodique, mon médecin a attrapé, entrevu plutôt, la raison de mon hémiplégie rampante. La dernière biopsie est la première à donner une lueur. On a vu quelques cellules cancéreuses, qui se compte sur les doigts d’une main, pas des deux. Pas assez de cellules en tout cas pour que l’on puisse les caractériser avec certitude et envoyer l’attaque chimique nécessaire à leur destruction. Il va falloir attendre encore dans ce cache-cache cruel où le premier qui verra l’autre le tuera. Ces cellules se développent de manière atypique en organisant un fibrome autour d’elle. Ce sont ces fibres qui bloquent petit à petit mes nerfs et entament mon autonomie. Dans cette course contre une montre qui tourne très très lentement, et en espérant qu’elle ne s’accélère pas brutalement, il faudra retourner voir là-bas pour donner un nom précis à ce crabe et accessoirement, libérer au moins partiellement mes membres engourdis par les nerfs coincés. Je retournerai sur un billard, je passerai quelques heures entre les mains d’un chirurgien, expérience déjà vécue plusieurs fois et qui m’enchante autant que de faire un stage de rééducation de quatre mois en Corée du nord. Autant dire que les arguments pour vont être à trier sur le volet. Surtout que ce passage obligé s’il est couronné de succès, sera immanquablement suivi d’une chimiothérapie, la troisième de ma vie, qui me fait autant envie que l’intervention préalable. Mais ai-je le choix ? Quelle perspective avec ? Quelle perspective sans ? « Être ou ne pas être, telle est la question. »
Le combat qui se prépare, en fait, que je subis déjà depuis un an, ne concerne que les soignants qui se charge de moi, je suis le champ de bataille, je ne participe qu’en m’offrant aux trous d’obus et aux tranchées nécessaires au combat. La victoire leur appartiendra. La patience et le désir de vivre seront mes seules armes, déjà utilisées et rodées, érodées même. Ce qui ne tue pas ne rend pas plus fort, ça creuse des sillons, ça laisse des empreintes que l’on contemple comme autant de stigmates d’un miracle moderne, de cicatrices nécessaires, de mauvais souvenirs. Ma troisième guerre mondiale se prépare et j’irais encore la fleur au fusil, je me connais.