Un des avantages d’être poursuivi par des syndromes étranges, c’est de rencontrer des gens étonnants. Le dernier en date est neurologue… Pour parler brièvement du syndrome qui me touche, c’est la suite de la défection de ma main gauche qui semble tourner à l’hémiplégie. Pas cool du tout. Le toubib de la main, se sentant débordé, m’a envoyé visiter son maître Jedi, le guru dans son antre du boulevard Raspail. Outre le fait que le reflex du passage de relais est intelligent, je n’ai pas été déçu : ‘il m’envois un cas par an, et chaque fois, c’est une merde’. Ca commence bien. Une heure et demi dans cette veine. Lui : ’Votre oncologue, elle est jolie ?’. Moi : ‘oui, c’est une femme normale’. Lui ‘un thon quoi !! Ils sont vraiment bons ceux qui vous suivent, vous ne devriez pas être là’. Les gens brillants sont capables de penser à une bonne centaine de truc à la fois. C’est ce qui fait l’intérêt de leur conversation. Celui-ci, en plus, possède un franc parler plus que respectable, il est capable de dire ‘je ne sais pas ce que je vais raconter dans le compte-rendu, vous êtes un cas, je n'ai jamais vu ça’ sans dévier de sa réflexion, de son analyse et sans être blessant, j’admire. Nous parlons de tout, de rien, des Inde, de politique, de femmes, de neurologie, de philosophie, de mon passé de malade et surtout de ce qui m’amène. Je sors de là, délesté d’un gros paquet d’oseille, riche d’une rencontre hors du commun et surtout porteur de quelques hypothèses sensées sur le syndrome qui m’habite, il n’y a rien de pire que l’incertitude totale. Quand le cerveau n’a rien de concret à se mettre sous le neurone, il fabrique le pire, enfin c’est comme ça que je fonctionnes. En fabricant le pire, je ne suis presque jamais déçu, ce qui arrive est toujours mieux que ce que j’ai imaginé.