Les chroniques d’Injambakkam XXXI : my left hand

Pour ceux qui l’ignoraient, je joue de la guitare, ou plutôt, j’en jouais il y a peu jusqu’à ce que ma main gauche se mette en grève sous des prétextes fallacieux genre :  ‘je ne veux plus jouer de Blackmore sur une guitare sèche ! Pourquoi as-tu laissé ta 12 cordes en France ? J’en ai marre de jouer du Ben Harper sur un Dobro…’ Saloperie de syndicat des mains gauches ! Je l’ai menacé de délocalisation, de sous traiter à une main gauche indienne, rien n’y a fait, elle est restée attachée à mon poigné/piquet de grève comme un coquillage à son rocher. Qui va travailler le manche de mes guitares ? En plein débat sur la prostitution, c’est une question délicate.

J’essaye la négociation, la montée en compétence, la kinésithérapie. Hors de question d’attendre de retourner en métropole pour attaquer l’affaire. J’ai trouvé une clinique du sport à Chennai. Oui ! La guitare, c’est un sport. Ecoutez bien John McLaughin période Shakti, le Usan Bolt de la six corde. Il traverse les gammes à la vitesse de la lumière. Un grand sportif mais peu musical. Ecoutez maintenant Ritchie Blackmore, période 1969-1972, il va presque aussi vite mais avec une inspiration de musicien baroque, mon maître. De grands sportifs tous les deux. Donc, disais-je, je prends rendez-vous chez le kiné local. Le bâtiment est dans le centre chic de Chennai, une grande maison ouverte et ombragée pleine de patients patients (sans répétition). Après m’être présenté à l’accueil, un jeune padawane de la kinésithérapie vient me questionner sur ce qui m’amène chez son maitre. Je lui décrit mon problème et passe une petite demi-heure à lui énumérer mes emmerdements sanitaires passés. Il percute, il a l’air d’avoir saisi l’affaire et compris ma requête. Je patiente encore et il fini par m’accompagner pour rencontrer le maître, le ‘Doctor’. La salle de consultation est simple, le ‘Doctor’ est assis en tailleur sur une chaise, les yeux mi-clos. Il écoute ce que lui dit son padawane avec attention. Il regarde ma main gauche greviste, la triture un peu dans tous les sens, me la rend et donne son diagnostique et son ordonnance au padawane. La relation avec patient maître est … indienne. Voilà, c’était la semaine dernière, j’ai revu le maître après une semaine de manipulation, il a daigné m’adresser la parole. Ma main gauche ne me fait plus mal mais elle refuse encore la plupart des morceaux que je lui propose. La lutte continue.

Lu dans le ‘Times of India’, un conducteur de bus a frappé un étudiant qui n’avait pas la monnaie de son ticket déclenchant une émeute. Les autres étudiants s’en sont pris au bus… C’est chaud le Tamilnadu.

En photo : les muses indhus du temple de Kacheepuram