Les chroniques d’Injambakkam XIX : working force…

Après trois jours, je commence à peine à me remettre de ma virée chez Mowgli. C’est pour ça qu’on est allé visiter le marché floral de gros de Chennai, histoire de se chauffer les mollets. Un peu comme le marché aux fleurs de Pondichéry mais en 10 fois plus grand, façon Rungis Nagar au Fleuristan. Pas un touriste à part nous. Imaginons trois indiens en Dhoti et Sari au milieu du marché aux fleurs de Rungis, ils auraient du succès. Nous étions donc l’attraction de ce matin à Anna Flower Market. Nous sommes ensuite passé au marché aux fruits, aussi grand que le marché aux fleurs. Les indiens sont curieux et accueillants, ils nous ont fait gouter les fruits que nous ne connaissions pas et ne nous ont pas arnaqué sur les additions, enfin pas trop. En dehors des zones où les déchets pourrissent dans les allées, le lieu ressemble à un Rungis sans un seul engin électrique, tout à la force humaine ravitaillée par des tricycles portants thé et samossas. Moi, l’ambiance des marchés de gros, j’adore, c'est de la logistique brute de fonderie.

Là dessus, j’ai enfin récupéré ma bécane. Encore une fois, les indiens ont été géniaux, l’ancien propriétaire, visiblement chagriné de se séparer de sa machine, me l’a livré à mi chemin, chez Elumalai, le chauffeur !!! Il a traversé Chennai, soit une grosse trentaine de kilomètres avec bouchons et nids de poules, ce qui n’est pas rien. Puis Elumalai, pas peu fière de piloter l'engin, me l'a livré à domicile, non sans tomber en panne d'essence, les Royal Enfield n'ont pas de jauge de réservoir. Il m'a confirmé qu'elle était lourde à pousser. Détail, ici on compte en kilomètre par litre comme dans tous les pays pauvres. Pourquoi ne l'ai-je pas ramené moi-même ? Parce que j'ai promis de ne pas conduire sans permis, histoire d'éviter les déboires avec la force publique locale.

J’attends donc mon permis moto indien pour cruiser dans les parages. La première partie étant passée. Mais qu’entends-je par première partie ? Non, il ne s’agit pas de passer le code ou l’épreuve de plateau, ces trucs inutiles n’existent pas ici. Il s’agit de trouver le bon intermédiaire pour discuter avec l’administration puis de réunir les documents nécessaires pour déposer le dossier. Les dossiers et les tampons ici, c’est fondamental.